samedi 1 mai 2010


REVIENS CÉRÈS ! ILS SONT DEVENUS FOUS !



TIRANA Octobre 1991, la Banque Mondiale a décidé de financer un projet de remise en route de la banque agricole de développement de l’Albanie dans le cadre du redéploiement du secteur primaire après les périodes du communisme et de la dictature du sinistre Enver HODJA.



L’expert ayant le projet en charge demande le bilan et le compte d’exploitation. Il lui faudra trois semaines pour obtenir un torchon manuscrit authentifié par de multiples tampons.



Première question : « Le poste principal du passif est le capital, par qui est-il souscrit ? »
« C’est l’État qui l’a entièrement souscrit. »



Deuxième question : « Figure à l’actif un total de prêts consentis pour le même montant que la capital, à qui ont été consentis des crédits ? »

« Á l’État pour la totalité ! »

« Mais c’est impossible ! ».

« Mais non ! Vous comprenez l’État n’ayant pas la moindre ressource il fallait bien lui faire un crédit pour souscrire le capital ! ».



« Ah bon ! » Ces braves gens ont inventé le mouvement perpétuel… de l’argent.



ASHGABAT Décembre 1999. L’Union Européenne a dépêché une mission pour définir les conditions dans lesquelles pourrait être financé l’élevage bovin au Turkménistan. Il s’agit d’un pays grand comme la France couvert à 90 % par le désert du Karakoum aussi aride voire plus que le Sahara, on y faisait traditionnellement du mouton.



Question : « Monsieur le Directeur de la Banque centrale du Turkménistan pourriez vous me dire quelle est la structure de la ressource bancaire permettant de faire des crédits ? »



« Mais oui : il s’agit pour 20 % des comptes de dépôts, pour 20% également des dépôts à terme jusqu’à deux ans et pour les 60 % qui restent de la ressource du marché interbancaire ! »



« Ah bon ! » Le brave homme a donc réussi à avoir le beurre et l’argent du beurre !



ZONE EURO 2010 : La Grèce au bord de la faillite, endettée jusqu’au cou fait appel à l’aide internationale : zone euro, puis Fonds monétaire international – la banque de la misère, qui se veut banque du monde- on va lui prêter bien sûr, pour la zone euro au nom de la solidarité européenne, pour le Fonds monétaire au nom de la solidarité mondiale.



Première question : « Où les prêteurs – c'est-à-dire les divers pays du monde qui alimentent en outre le Fonds monétaire - vont-ils prendre l’argent puisque eux-mêmes sont pour la plupart endettés presque jusqu’au cou ? ».



« Mais ils vont emprunter les uns aux autres, - éventuellement à la Grèce - voire à des prêteurs sur gage pratiquant des taux usuraires. C’est bien ce qu’a fait la Grèce jusque là pour rembourser ses emprunts ? »



Deuxième question : « Mais comment allez vous faire pour que de telles pratiques qui nous ont mené à la crise économique dont nous ne sommes qu’au tout début, ne nous conduisent pas à une catastrophe financière mondiale ? »

« Mais il suffit de mettre en place une bonne gouvernance financière mondiale et de trouver, notamment au travers du G20, la régulation de l’industrie de la finance ! ».



Troisième question : « Vous voulez donc dire que la finance est une industrie comme les autres, alors que tant de braves gens ignares pensent qu’elle ne devrait qu’être et rester l’outil permettant de valoriser à leur juste prix les actes économiques conduisant à la création monétaire, et qui sont en priorité : la production agricole qui assure notre nourriture, la santé et l’éducation ? Les galions chargés d’or en provenance du nouveau monde n’ont-ils pas conduit à la ruine ceux qui prétendaient nourrir les populations avec cet or ? La monnaie que vous vous obstinez à considérer comme un outil de production ne doit-elle pas rester le thermomètre qui mesure la santé de l’économie ? Or vous avez décidé que la température indiquée doit être fixée d’avance et être la même pour tous les pays ! Voyez le résultat



« Mais vous n’avez rien compris ! Seuls les nouveaux produits financiers permettront à l’argent de produire de l’argent. Ceux qui détiendront cet argent trouveront toujours des imbéciles pour satisfaire tous leurs besoins, ces imbéciles ne subsistant que par les miettes et déchets dont ne voudront pas les nantis. Il suffit simplement de bien réguler le système pour que la machine infernale de production de l’argent par l’argent ne tombe pas en panne ou ne s’emballe pas !».



Quatrième question :« La France va prêter à la Grèce au taux de 5% en empruntant elle-même à 2,21% . Est-ce au nom de la solidarité européenne qu’elle réalise un bénéfice de 2,89 % soit une marge bénéficiaire de 57,80 % ? Cela ne s’inscrit-il pas plutôt dans la démarche de solidarité et d’aide au développement bien comprise qui faisait dire il n’y a guère à notre Secrétaire d’État à la coopération : “Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut bien les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte…/… ” ? ».



« Vous ne comprenez décidemment rien ! C’est le même qui disait peu après : il suffit de créer un loto pour financer l’aide publique au développement ! »



« Ah bon ! ». C’est donc bien le mouvement perpétuel du beurre et de l’argent du beurre !



Ils ont tous réponse à tout ! Nous sommes définitivement entrés dans le monde de la cavalerie et de la fausse monnaie.



La cavalerie bancaire consiste en jouant sur les délais d’encaissement, à tirer un chèque sur un compte sans provision mais lui-même alimenté par un chèque tiré sur un autre compte sans provision, on est tout près de la fausse monnaie !



Cette dernière est de façon connue le fait des contrefacteurs, ceux-là qui petits artisans font de faux billets, ou de fausses pièces, et qui autrefois étaient chez nous passibles de la réclusion à perpétuité, c’est dire la gravité de la chose … à l’époque.



De façon moins connue c’est le fait, de façon plus industrielle, de consentir du crédit - donc de créer de la monnaie par anticipation d’un acte économique- pour un acte économique dont on sait qu’il ne se produira pas.



Dans les deux cas, cavalerie et fausse monnaie, le fait de jouer sur le temps laisse l’espoir que le système ne s’arrêtera pas et que l’on continuera sans problème à créer de la monnaie à partir de la monnaie c'est-à-dire à partir du vent.



Il y a là les causes directes de la terrible crise financière que nous vivons. Les banquiers faux-monnayeurs, praticiens des nouveaux produits financiers et notamment du système des subprimes ont créé des masses énormes de fausse monnaie en consentant des crédits pour des achats immobiliers qui n’étaient pas une anticipation de la création monétaire, concrétisée normalement par des rentrées financières contrepartie d’actes économiques, notamment salaires, mais en ne prenant en compte que les garanties hypothécaires ce qui ne pouvait conduire qu’à l’emballement puis à l’effondrement du marché immobilier qui ne saurait, pas plus qu’à l’époque les galions espagnols, être à lui seul et prioritairement générateur de monnaie.



La Dordogne, le pays de l’Homme, comptait en 1968 quelques soixante mille exploitations agricoles, il en reste moins de dix mille et le taux de suicide des agriculteurs y est le plus important de France. Il est bouleversant et lamentable le suicide récent de cet agriculteur qui avec plus de cent hectares dans une zone riche ne pouvait plus faire face à ses dettes.



On découvre au travers de ce drame inadmissible que le système bancaire dont on a hélas abandonné le caractère professionnel, solidaire et mutualiste est non seulement incapable de mesurer correctement le risque des activités qu’il finance et de conseiller les emprunteurs en conséquence, mais et surtout, qu’il intervient dans un système économique où l’on n’entend ne plus financer l’économie réelle génératrice de vraie monnaie, mais l’économie fictive qui elle ne génère que de la fausse monnaie. Ceci se traduit de façon évidente par le fait qu’une exploitation de plus de cent hectares, ne vaut plus rien en tant que garantie ce qui est au demeurant secondaire, mais surtout en tant qu’outil de base de la création monétaire dans un système où les valeurs étant inversées on ne sait plus dans les actes économiques distinguer l’indispensable du superflus ou de l’inutile.



Le baron Justus von LIEBIG, chimiste, inventeur de l’extrait de viande du même nom, définissait vers les années 1850 l’importante loi sur le minimum, qui sous sa forme générale de loi du maillon le plus faible, dispose que le résultat d’une chaîne de processus est limité par le chaînon le moins performant, et que c’est sur lui qu’il faut agir pour dépasser la limite.



Cette loi peut être illustrée par un baquet dont les douelles sont de longueur variable et dont on voit que le contenu est limité par la douelle la plus courte.

Si l’on imagine un baquet de l’économie, française notamment et sans doute grecque, dont les douelles seraient constituées par les diverses composantes de cette économie, au constate bien vite que les douelles des composantes de bases son très courtes et que l’économie « fout le camp » par la douelle de l’agriculture notamment.























La longueur définit l’importance donnée à la composante dans l’ensemble de l’économie c’est le niveau de production des secteurs primaire secondaire et tertiaire.

La largeur définit la structure de la composante telle que le niveau d’investissement du secteur, la part de population active concernée ou les lois et règles de son fonctionnement.



On comprend que l’on peut agir à court terme sur la longueur mais que la correction d’éléments structurels est plus longue de même que les effets de cette correction.



Il est enfin évident que des douelles larges définissent un volume d’activité important ce qui relativise les fuites lorsqu’un élément tend à devenir plus court que les autres.



Cette représentation de l’économie a l’avantage de faire ressortir la différence entre l’économie réelle et l’économie virtuelle. Le niveau du baquet représente l’économie dont la mesure se fait par la monnaie que crée l’activité des composantes du baquet.



L’économie virtuelle absolue est celle où les activités, essentiellement de services ne portent que sur la création monétaire par la seule monnaie, elle concerne peu d’acteurs : des faussaires, elle est très peu règlementée mais les volumes d’activité sont énormes, la douelle correspondante est donc très étroite et très longue. Elle entraîne des fuites importantes par les douelles de l’économie réelle qui auraient du rester essentielles mais qui sont restées très courtes.



Le phénomène a été caché tant que l’importance structurelle de l’économie réelle est restée suffisante, mais la disparition des acteurs (exode rural) ou le changement des règles de fonctionnement devenues européennes puis mondiales, imprécises, que personne ne respecte, et difficiles à faire appliquer ; ont conduit à un baquet de l’économie pratiquement vide malgré l’apparence de forte activité donnée par le monde de la fausse monnaie.



L’économie virtuelle relative correspond à la partie des activités humaines créatrices de monnaie qui ne représente pas une priorité face aux besoins élémentaires de production qui eux ne sont pas satisfaits. Il y a en effet une hiérarchie à respecter dans l’utilité de nos actes économiques qui voudrait que nous satisfaisions en priorité, et dans l’ordre, nos besoins : de nourriture, de logement, de santé et d’éducation il s’agit de l’indispensable auquel vient s’ajouter l’utile voire le superflus.



La loi de LIEBIG fixe bien que si l’indispensable n’est pas satisfait il est vain de développer l’utile et le superflu qui représentent bien dans ce cas une économie virtuelle relative.



La crise économique récente a conduit les responsables politiques français entre autres à rechercher une solution en stimulant la production automobile au motif qu’elle emploie plus de 10 % de la population active, et que cette stimulation est de nature à faire redémarrer la consommation.



Or une économie ne peut consommer que si elle produit, et si elle produit en priorité l’indispensable. C’est donc le secteur agricole qu’il eut fallu stimuler dans la mesure où les automobiles ne sont pas comestibles à ce jour. Il ne peut rien sortir de sérieux d’une telle mesure et la seule solution raisonnable eût été d’agir sur le maillon le plus faible le secteur primaire qui malgré son importance primordiale qui devrait en faire le principal secteur de l’économie, n’emploie que quelques 6% de la population active.



Il y a dans ce débat sans fin qui conditionne pourtant notre développement économique, si tant est que nous ayons besoin d’un développement autre que celui permettant des satisfaire les besoins d’une population en croissance, trois raisons qui font que notre agriculture n’a pas la première place qu’elle devrait avoir.



- La loi de l’offre et de la demande et en particulier l’inélasticité de la demande alimentaire, font que les prix agricoles contrairement aux prix industriels ou des services ne sont pas fixés en fonction des coûts de production, mais en fonction de la demande.



Le blé est payé aux producteurs au cours mondial – qui au passage donne lieu à des spéculations relevant de l’économie virtuelle absolue-, peu importe ce que lui a coûté la production, libre à lui de ne pas produire si le prix ne lui convient pas, avec le risque toutefois de ne s’en apercevoir qu’après coup  et d'événtuellement  se suicider! Le pain est payé au boulanger à son prix de revient plus marge bénéficiaire. Un sérieux recul par rapport à la période de l’échange blé/pain - il y a à peine 60 ans !- où on en était à la source de la création monétaire, le boulanger échangeant son travail de façonnage contre du blé.



- Une mauvaise répartition du travail. Le principe de base de la création monétaire : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » implique que produire soit non seulement un devoir mais également un droit qui doit s’exercer dans l’économie réelle. La dictature du prix imposé fait pourtant que l’entrepreneur individuel en agriculture bénéficie de moins en moins de ce droit confisqué par une agriculture du capital dite industrielle qui, d’une part transfère les actifs de l’économie réelle de base vers l’économie virtuelle de l’inutile et du superflu, et recherche d’autre part des marges de plus en plus grandes pour la rémunération de ses actionnaires en délocalisant ses approvisionnements au risque de faire disparaître le secteur primaire national.



- La mise en place de la politique agricole commune au sein de l’Union Européenne qui a marqué avec notamment le sinistre Sicco MANSHOLT, nouveau fléau de Dieu,- l’herbe ne poussera plus sous les pieds des son cheval !- le début de la décadence de notre agriculture par l’alignement sur le plus faible auquel nous avons du nous soumettre.



La mondialisation instantanée qui voudrait que les mêmes conditions commerciales fussent appliquées à toutes les productions agricoles quel que soit le niveau de développement du pays qui les produit, ne peut que conduire à la disparition pure et simple du secteur primaire comme cela s’est produit au Royaume Uni, avec les conséquences dramatiques que l’on connaît dans ce pays où l’économie ne repose plus que sur le secteur des services surtout après la séparation des éléments du Commonwealth.



La production à faible coût, soit de pays émergents, soit de pays a agriculture très industrialisée faisant travailler l’argent plus que la main d’œuvre, conduit la distribution alimentaire française à s’approvisionner sur ces marchés à bas coûts, au détriment certes de la qualité, mais ce qui conduit le consommateur - l’offre de consommation des produits inutiles et superflus de l’économie virtuelle étant de plus en plus importante- à dépenser de moins en moins dans l’alimentation, peu importe sa qualité- pour réserver le plus de ressource possible à la consommation de l’inutile.



Ce phénomène a été accentué, moins chez nous certes qu’aux Etats-Unis, par la flambée de l’immobilier, encore l’économie virtuelle, ce qui conduit à une véritable misère dorée, ces nouveaux affamés consacrant toutes leurs ressources au remboursement de crédits immobiliers et pour ce qui reste à l’achat de gadgets de l’économie virtuelle.



Cette même mondialisation instantanée conduit par ailleurs à mettre toutes les économies dans le même baquet quel que soit le niveau de développement économique, social et culturel des pays concernés.



Le drame des pays où sévit la famine, l’Afrique notamment, tient à ce que la douelle agricole est la même que chez nous, alors que ces pays qui sortent à peine de l’économie de cueillette devraient dans les premières phases de leur développement ne chercher qu’à atteindre le niveau d’autosuffisance alimentaire, ceci au travers d’une agriculture vivrière et non industrielle comme l’a toujours préconisé la banque Mondiale dans son concept criminel d’ajustement structurel.



Lorsque Jacques DIOUF Directeur général de la FAO - à l’Assemblée générale de laquelle n’assistaient aucun chef d’État plus intéressés par les pitreries de COPENHAGUE que par la faim dans le monde - clame haut et fort que la priorité des priorités pour lutter contre la faim est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans les pays concernés, il ne fait que dire que l’agriculture ne doit pas être le facteur limitant du développement.



« Il faut mettre tous les œufs dans le même panier quitte à surveiller le panier » prétendait Mark TWAIN, il faut ouvrir les frontières à tous vents, et surtout ne pas mettre de portes coupe-feu, prétendent nos apprentis sorciers économistes.



Notre incapacité à surveiller un panier trop gros, nonobstant bonne gouvernance et régulation par un G20 voire un G40 ou plus, ne peut conduire qu’à une gigantesque omelette dont nous assistons aux ultimes préparatifs.



L’ouverture des frontières à tous vents qui conduit à la fin de notre agriculture, tantôt première du monde, et au suicide des agriculteurs, a fait s’enrhumer la Grèce qui risque de ne pas s’en remettre et de contaminer l’ensemble de la zone euro.



Le refus de mettre des portes coupe-feu qui permettraient que les composantes essentielles et prioritaires de l’économie, le secteur primaire notamment, n’en soient pas des facteurs limitants, risque de déclencher un incendie généralisé dont nous ne nous remettrons pas.



C’est ce cataclysme que préparent activement les cavaliers et faussaires partis ces jours-ci se faire voir chez les grecs. Ils serait bien inspirés s’ils allaient jusque dans les brumes du Mont Olympe vénérer les dieux Gréco-romains Mercure et Hermès dont on dit qu’ils étaient ceux des voyageurs, des marchands, des voleurs et même parait-il des banquiers ; d’en profiter pour adresser cette prière à la bonne Cérès déesse de l’agriculture et des moissons


Fais que toujours les arbres de nos bois

Poussent la tête en haut et les racines en bas

Car si ça n’spassait pas comme ça tra là là

Car si ça n’spassait pas comme ça on dirait oh hé, on chanterait oh hé :

L’agriculture elle est malade ! Ah plaignez l’Agriculteur

Car il est dans la panade et ça lui fait mal, et ça lui fait mal

Et ça lui fait mal au cœur !




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