jeudi 21 mai 2009


EH LA FRANCE !
TON LAIT FOUT LE CAMP !









Il y avait à l’époque où l’on croyait encore un peu au merveilleux et à certaines valeurs en voie de disparition, cette image de la Voie lactée dont on disait qu’elle conduisait le pèlerin vers Saint-Jacques de Compostelle.

Les voies lactées que l’on observe ces jours-ci dans bien de nos villes, ne semblent conduire nulle part, mais après tout ne nous permettraient-elles pas de rejoindre les Tours de Babel, européenne ou mondiale, qui ressemblent certes à l’original puisque conduisant à la confusion des langues, mais le dépassent largement en conduisant à une confusion généralisée.

Pendant que nos producteurs de lait déversent dans les rues des milliers de litres de ce tout premier élément de l’alimentation humaine, des enfants meurent de faim dans le monde au rythme d’un toutes les cinq secondes !


Pendant que l’on gaspille le précieux liquide au motif que nous sommes incapables de surveiller ce panier dépassant la taille humaine et où l’on veut mettre tous les oeufs ensemble, le Président de la Commission européenne arborant un sourire qui fait plaisir à voir, déclare que notre agriculture va bien, puis insiste : notre politique agricole va bien !

On ne manquera pas de critiquer les agriculteurs grands gaspilleurs, en oubliant qu’il est lamentable que la seule façon de se faire entendre est de nous jeter à la figure ce qu’ils ont soigneusement produit à la sueur de leur front et qu’un système économique infâme et injuste entend payer à d’autres.

Il avait les larmes au yeux ce producteur sur le marché du samedi matin à Bergerac : « Nous avons été obligé de déverser dans les fossés quelques trois mille litre de lait, comment voulez-vous que les crève-la-faim qui n’y comprennent rien puissent admettre cela. »
Il était jeune agriculteur dans les années soixante, il y avait en Dordogne quelques soixante mille petits agriculteurs comme lui, il en reste un peu plus de huit mille, les jachères se sont multipliées la densité de population ne dépasse pas dans certaines zone un habitant au km², de riches Anglais surtout.
Aux quelques petits qui restent, l’Union européenne et sa politique qui va bien déclarent, si vous arrêtez de produire du lait il vous sera versé un salaire basé sur vos productions des années antérieures.
Les vieux retraités agricoles qui ont eu le tort de produire, ne touchent qu’une retraite de misère, les pré retraités du lait toucheront une rente à vie à condition de ne pas produire !

On pourra bien entendu objecter que les agriculteurs n’en seraient pas là s’ils avaient su conserver et respecter l’outil coopératif prolongement d’exploitation, où ce n’est pas le capital qui travaille et est rémunéré, mais l’Homme.
Cet outil coopératif, le vrai, mis en place il y a plus de cent ans avait permis de faire de notre agriculture une des premières du monde. Nous l’avons non seulement abandonné, mais nous avons été incapables de le mettre en place dans sa forme originale dans les pays en développement où il est plus urgent que l’agriculture permettre d’atteindre le niveau d’autosuffisance alimentaire, plutôt que de respecter les sacro-saintes et imbéciles prescriptions de l’ajustement structurel de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire Internationale.
Cet outil, ils le respectaient et voulaient le conserver les agriculteurs, tant, construit à partir du bas, son efficacité repose sur sa dimension à taille humaine.
Il a été systématiquement démoli, démantelé, saccagé à partir des années soixante par les concepts de mondialisation et par leur application à l’Europe au travers de la sinistre politique de Sico MANSHOLT, nouveau fléau de Dieu.

Il ne fallait plus désormais saturer les marchés locaux par les productions locales ni n’exporter que les surplus ou n’importer que ce qu’il manquait. Il fallait au travers de structures définies d’en haut et grâce au seul travail du capital des actionnaires, faire tourner sans fin les productions agricoles de par le monde, de façon à aligner les prix sur les coûts de production les plus bas. Il ne sera rien dit de la qualité qui en découle.
Au gaspillage énorme qui en est résulté, les niveaux de production n’étant pas adaptés aux besoins, mais à la nécessité de faire baisser les prix par le jeu de la concurrence, à ce gaspillage s’est ajouté la mise en œuvre de systèmes de transports coûteux, gaspilleurs d’énergie et qui contribuent de surcroît à la dégradation de la qualité d’un environnement que l’on prétend vouloir protéger.



Ah oui ! N’oubliez pas aussi que depuis que vous avez commencé à lire ce texte, deux à trois cents petits sont morts de faim dans le monde.
ça ne fait rien, il ne sont pas comptés diront les tenants du commerce dit équitable, du développement prétendu durable, de la croissance à tout prix, de la consommation débridée et d’un monde consacré au dieu « Économie » où l’Homme ne saurait plus avoir sa place.


Jean-Pierre Canot auteur de « Apprends-nous plutôt à pêcher ! ». Bergerac le 20 mai 2009
Voir aussi :
http://jeanpierrecanotbergerac.blogsudouest.com/
http://lafrancetoutfoutlecamp.blogspot.com/